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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/310

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mun dont les intérêts se reversaient obscurément sur des milliers d’âmes inconnues. Mais quand il pensait à ceux qui niaient cela dans sa patrie, alors il plissait les lèvres, il souriait, et quel mépris dans son sourire !

Sur l’emplacement du combat, le lendemain, Nangès ramassa le corps mutilé du jeune héros et de ses compagnons. C’était une heure grave pour Maurice, qui ne s’inquiétait guère des hautes visions de son chef. C’était un bel enseignement qui lui venait. Une belle « leçon de choses ».

Un champ de bataille d’autrefois est pour nous l’objet de mille imaginations guerrières. Nous nous y excitons. Nous y sommes portés au-dessus de nous-mêmes. Mais s’il est d’hier, s’il est encore chaud du sang des soldats, quelle chaleur ne met-il pas aux fronts des hommes jeunes ? Ce n’est plus une excitation guerrière qu’ils reçoivent, c’est l’action même qui se prolonge, le bruit qui se prolonge directement en silence, c’est l’action qui s’épanouit dans le mystère silencieux de la vie et de la mort. Sur ce champ de bataille, Maurice recevait sa première impression de guerre. Des pensées confuses bouillonnaient