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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/311

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en lui. Il était un bel enfant barbare, dans le monde jeune.


Dans ses années d’apprentissage, commença une période nouvelle, celle où il apprenait la guerre, non sur l’Exercitzplatz ou au Kriegsspiel, mais dans le-soleil et dans la vie, dans la fatigue et dans la joie, dans la peine et dans l’espoir, dans l’espérance et la désespérance. Heureux les jeunes hommes qui, de nos jours, ont mené la vie frugale, simple et chaste des guerriers ! Les terres que Maurice parcourait étaient plus belles, les aubes plus radieuses. Toutes les terres sont belles pour un jeune soldat. Toutes les aubes sont fraîches, naïves, puisqu’on s’y lève joyeux, confiant dans sa force, audacieux. Des aubes pleines d’allégresse, des matines, le chant des matines, les réveils des moines et des soldats…

Ceux de Nangès étaient plus lourds. Il vieillissait. Parfois, pendant des heures de quart, il songeait à la fuite du temps, aux années qui passent, sans amour et sans foyer… Et pourtant, il lui fallait cet exil, il avait besoin de cette lune des tropiques dont la lumière s’étend par grande nappe, à pleine onde, d’une seule et