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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/312

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grande coulée, — de la clarté dansante des dunes. Il lui fallait ces grandes pensées que fait le désert, à ce sanglier, à ce vieux solitaire. Il n’était pas celui qui cherche des couronnes. On ne l’avait jamais vu dans un ministère. Il lui fallait sa vie de soldat, — tout simplement, son métier, son métier pour lui-même, pour le plaisir.

À certaines heures, s’il venait à regretter son dur exil, il se reprenait, il disait : « Mais que cette heure est belle ! Quelle est fière ! » Ainsi, dans sa longue étape, parfois il s’arrêtait, mais c’était pour bénir, et non pour maudire. À tout, il préférait encore bêcher ce coin de terre divine qui lui avait été donné. C’était en artiste qu’il entendait son métier. Vigny a dit d’un autre soldat, — et du même : « Il exerce, non en ambitieux, mais en artiste, l’art de la guerre. » Voilà le maître de Maurice, voilà celui qui avait pris par la main le beau jeune homme et qui, lentement, gravement, le menait vers la destinée qu’il lui avait faite.