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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/98

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sauvage, dont le capitaine eût souhaité avoir le semblable pour fils, pour en faire, de ses mains, un homme…

Sébastien se disputait souvent avec Nangès. Ses propos étaient élémentaires, trop intelligibles, trop faciles, et, par là, si loin de la vie ! Ils donnaient de la colère à son compagnon.

— L’expansion coloniale, disait-il, que de millions jetés dans ce gouffre !

Car ce ton emphatique lui était coutumier.

— Encore, continuait-il, si la cause était juste ! Mais de quel droit allons-nous déranger chez eux des êtres inoffensifs, à qui nous ne savons apporter que nos vices ?

Il ne sentait pas les exigences de l’honneur, de la fierté.

— Croyez bien, répondait Nangès, tout en rappelant son setter, que la force est toujours du côté du droit.

L’instituteur se récriait :

— Mais certainement, expliquait Timothée, Qu’est-ce que la force ? C’est l’intelligence, la ténacité, c’est la patience, c’est l’habileté, c’est le courage, c’est la volonté. Voilà, Vincent, les facteurs de la force. Voilà les fibres du tissu. Ne croyez-vous pas qu’avec toutes les vertus