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Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/51

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qui était attaqué. La ferme contenance du réformateur, qui ne descendait jamais inutilement dans l’arène, déconcerta les amis de Servet. Ils se tinrent quelque temps à l’écart, et l’accusé lui-même, craignant d’avoir gâté sa cause, mit plus de modération dans sa défense.

Sur ces entrefaites, le conseil décida d’écrire à Vienne en Dauphiné, pour avoir des renseignements précis sur l’accusation qui y avait été intentée à Servet. La réponse ne se fit pas attendre. Les magistrats de Vienne requirent que le prisonnier leur fût envoyé pour l’exécution de la sentence de mort qu’ils avaient prononcée contre lui, exécution qui le châliera, disaient-ils, de telle sorte qu’il n’y aura pas besoin de chercher d’autres charges. Les magistrats de Genève répondirent par une lettre gracieuse qu’ils ne pouvaient le rendre, mais qu’ils en feraient bonne justice. Ainsi, pour dresser le bûcher de Servet, se piquaient d’émulation le tribunal catholique de Vienne et le tribunal protestant de Genève.

Calvin de son côté ne perdait pas un instant. Il sollicitait les juges ; il dirigeait tous les actes de l’accusation ; il inspirait et peut-être rédigeait lui-même quelques-uns des réquisitoires du procureur-général ; il assistait aux séances du tribunal, toujours prêt à harceler le coupable et à lui remontrer ses erreurs ; il l’accusait enfin du haut de la chaire ; devant un nombreux auditoire il faisait le détail de tous ses