Aller au contenu

Page:Recordon - Le chrétien et les dettes.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11

se manifestent que trop souvent dans de telles circonstances. En y persévérant malgré sa conscience, celle-ci s’émousse se cautérise et s’endurcit, au point que l’on voit parfois des chrétiens, — dans le vain espoir de sortir d’embarras — et en réalité parce qu’ils ne veulent pas renoncer à leur mauvaise voie — en venir à des expédients peu honnêtes, même à des fourberies, auxquelles des mondains mêmes auraient honte de recourir. Ainsi, si l’on a des frères pour créanciers, on s’imagine qu’il n’est pas nécessaire de les rembourser, on fait des promesses et on ne les tient pas, on cherche à faire illusion à soi et aux autres sur son état, en ne retranchant rien à ses dépenses, si ce n’est en les augmentant ; à la veille même d’une faillite forcée, on fait encore des achats ou des emprunts en s’engageant à les solder dans peu. Ainsi un abîme appelle un autre abîme. Quelle vie d’ignominie et d’angoisses que celle-là — hélas ! et parfois ce n’est que la justice humaine qui vient y mettre un terme !

Voilà — et trop de faits lamentables prouvent que nous n’exagérons pas — voilà jusqu’où un croyant peut tomber peu à peu sur cette pente glissante, dès l’instant qu’il se permet de contracter sans scrupule des dettes et de vouloir faire des choses plus grandes que celles auxquelles Dieu l’appelle. — Plusieurs diront peut-être : « Ces paroles sont dures ; » nous les plaindrions d’autant plus. Dieu nous est témoin que c’est dans un esprit de sincère affection pour nos frères, que nous les avons tracées. Oh ! si elles pouvaient porter la conviction dans quelques consciences et faire disparaître, du milieu de nous, ces tendances ambitieuses à s’élever dans le monde, ces aspirations à s’enrichir, cet