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Page:Recordon - Le chrétien et les dettes.djvu/16

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gros, et celui-ci au détaillant, comme, par exemple, à un mois, trois ou six mois ; tant que ces termes sont scrupuleusement observés, on peut mettre en question si et jusqu’à quel point quelqu’un est actuellement endetté. Nous pensons qu’il serait beaucoup meilleur et plus sûr, à tous égards, pour les commerçants, de payer comptant et de jouir ainsi de l’escompte. Mais il nous paraît incontestable qu’un homme est endetté, si son fonds de commerce et ce qui lui est dû ne sont pas amplement suffisants pour faire face à tous ses engagements. C’est une chose misérable, fausse, immorale et méprisable de faire un négoce avec un capital factice, de vivre au moyen d’un système d’expédients, de mener grand train aux dépens de ses créanciers. Nous craignons que ce ne soit là, à un déplorable degré, le cas même de plusieurs de ceux qui sont au premier rang de la profession de christianisme. Quant aux personnes qui ne sont pas dans les affaires, elles n’ont aucune excuse quelconque pour justifier leurs dettes. Ai-je, devant Dieu ou devant les hommes, le droit de porter un vêtement ou un chapeau que je n’ai pas payé ? Ai-je le droit de commander une toise de bois, une mesure de charbon, une livre de café ou de thé ou un morceau de viande, si je n’ai pas de quoi les payer ? On dira peut-être : que faire alors ? La réponse est simple pour un esprit droit et une conscience délicate : nous devons nous en passer plutôt que de contracter une dette. Il vaut infiniment mieux, et il est infiniment plus profitable et plus saint de n’avoir pour son repas qu’une croûte de pain et un verre d’eau bien à nous, que d’avoir un rôti que l’on doit. Mais, hélas ! cher ami, il y a, relativement à cette importante question, un triste