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Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/150

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et il lança si brusquement, avec un tel mouvement de colère et une telle force, Rhéa jusqu’au divan, que ce fut dans l’auditoire comme un frisson d’épouvante, avant les applaudissements qui éclatèrent, aussitôt cette émotion calmée.

La scène avait été rendue avec une si poignante vérité que M. Deblain, craignant que sa femme ne se fût blessée, attendit à peine la fin de l’acte pour accourir dans les coulisses.

Le rideau venait de tomber et Rhéa, plus émue qu’elle ne l’avait été depuis le commencement de la pièce, s’échappait de scène pour aller faire son dernier changement dans sa loge, lorsqu’elle se trouva face à face avec Plemen, derrière un portant.

— Vous m’avez fait mal, lui dit-elle, en s’efforçant de sourire et en lui montrant ses poignets cerclés de rouge.

— Pardonnez-moi, répondit Erik à demi-voix et en lui fermant le passage, pardonnez-moi ; mais depuis le moment où je vous avais entendue dans votre scène avec Barthey, j’étais à moitié fou, et quand vous m’avez dit, tout à l’heure, alors que mon rôle m’ordonnait de vous fuir : « N’y va pas, je t’aimerai ! » j’ai failli rester près de vous et vous prendre dans mes bras, en face de tout ce monde qui nous regardait. Il me semblait que la raison m’abandonnait !

— Oh ! mais, il n’est pas prudent de jouer la