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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/232

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maison d’un pécheur. En partant, Jésus déclara son hôte bon fils d’Abraham, et, comme pour ajouter au dépit des orthodoxes, Zachée devint un saint : il donna, dit-on, la moitié de ses biens aux pauvres et répara au double les torts qu’il pouvait avoir faits. Ce ne fut pas là, du reste, la seule joie de Jésus. Au sortir de la ville, le mendiant Bartimée lui fît beaucoup de plaisir en l’appelant obstinément « Fils de David, » quoiqu’on lui enjoignît de se taire. Le cycle des miracles galiléens sembla un moment se rouvrir dans ce pays, que beaucoup d’analogies rattachaient aux provinces du Nord. La délicieuse oasis de Jéricho, alors bien arrosée, devait être un des endroits les plus beaux de la Syrie. Josèphe en parle avec la même admiration que de la Galilée, et l’appelle, comme cette dernière province, un « pays divin. »

Jésus, après avoir accompli cette espèce de pèlerinage aux lieux de sa première activité prophétique, revint à son séjour chéri de Béthanie. L’exaspération de ses ennemis était à son comble. Dès lors, an conseil fut assemblé par les chefs des prêtres, et dans ce conseil la question fut nettement posée : « Jésus et le judaïsme pouvaient-ils vivre ensemble ? » Poser la question, c’était la résoudre, et, sans être prophète, comme le veut l’évangéliste, le grand prêtre put très-bien prononcer son axiome sanglant : « Il est utile qu’un homme meure pour tout le peuple. »