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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/26

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mettre en relief ce que ces formes antiques ont eu de bon et de saint, n’est-ce pas faire acte pieux ? Pour moi, je pense que le peuple tournerait le dos à sa délivrance, le jour où il tiendrait pour des chimères la foi, l’abnégation, le dévouement. La part d’illusions qui autrefois se mêlait à tous les grands mouvements soit politiques, soit religieux, n’est pas un motif pour refuser à ces mouvements la sympathie et l’admiration. On peut être bon Français sans croire à la sainte ampoule. On peut aimer Jeanne d’Arc sans admettre la réalité de ses visions.

Voilà pourquoi j’ai pensé que le tableau de la plus étonnante révolution populaire dont on ait gardé le souvenir pouvait être utile au peuple. C’est ici vraiment la vie de son meilleur ami ; toute cette épopée des origines chrétiennes est l’histoire des plus grands plébéiens qu’il y ait jamais eu. Jésus a aimé les pauvres, haï les prêtres