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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/108

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RECUEIL INTIME



Mais, tandis que l’on voit, dans tous les cimetières,
Les fleurs au pied des croix et l’herbe entre les pierres,
Qu’il y pousse de beaux feuillages toujours verts
Où, pour réjouir ceux que le cercueil recouvre,
L’âme du rossignol sous les étoiles s’ouvre,
Et de flots d’harmonie inonde l’univers ;

Mon cimetière prend ma chair après ses ronces,
L’orfraie à mes sanglots seule y fait des réponses,
L’arbre avec moi s’y tord sous un vent meurtrier.
Point d’herbe, point de fleurs. Rien que l’ombre et la boue.
Pour venir jusque-là, que nul ne se dévoue !
On n’y trouverait pas une place où prier.