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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/110

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RECUEIL INTIME


Le ciel verse la somnolence,
La terre l’aspire à longs traits ;
La brise même fait silence
Dans le feuillage des forêts.

C’est l’extase du calme étrange.
Tous les mots y sont superflus.
Le moindre murmure y dérange.
O rossignols, ne chantez plus.

L’étoile brille au bord du gouffre ;
L’onde sommeille sur l’écueil.
Je veux oublier que l’on souffre,
Reposer avant le cercueil.

Sans désir de l’heure future,
Sans regret des jours révolus,
Perds tes fièvres dans la nature,
O mon cœur, ne me bride plus !