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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/63

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LE PETIT PENDU


Que fait-elle à présent, cette pauvre grand’mère ?
De lui se souvient-elle, et l’aime-t-elle autant ?
O crainte déchirante, incertitude amère !
Sans pouvoir lui parler, peut-être elle l’attend !

Quand il venait jadis, la joie était en elle.
Sans doute, si la mort prés d’elle l’emmenait,
Le même éclair de joie emplirait sa prunelle.
Or, pour mourir, il est un moyen qu’il connaît.

On cherche quelque part un vieux débris de corde ;
On l’attache un peu haut, on fait un nœud coulant,
Et l’on passe la tête ; il se peut qu’on se torde ;
Mais on meurt vite, et c’est le côté consolant.

Aussi, sans avoir peur, non moins calme que sombre,
Il s’est tué, certain qu’il était attendu.
Et la masse de gens dont l’escalier s’encombre
Murmure avec stupeur : Un enfant s’est pendu !