Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trine de l’unité, posait l’Être comme fini, en qualité de parfait, tandis que Mélissos, son disciple, opina pour l’absence de bornes en toutes choses comme à l’égard du temps. La question du vide et du plein fut très disputée après Démocrite et les Éléates ; Platon et Aristote se prononcèrent pour le plein ; les atomistes et les partisans de l’infinité des mondes étaient forcés d’admettre le vide dans les espaces inoccupés et l’évolutionnisme en laissait un au delà de la matière de l’évolution. Quoique tous ces philosophes regardassent sans hésiter, soit le vide, quand ils l’admettaient, soit le plein, comme des sujets réels et infinis, ils ne se faisaient pas une difficulté de l’existence actuelle des parties de ces multiples sans bornes.

Pour le néoplatonisme, l’infinité de l’être en extension s’applique à l’univers renfermé dans l’unité de son principe. Ce n’est pas que Plotin comprenne cet enveloppement comme celui d’un espace où les objets sont localisés et limités les uns par les autres. Ce ne sont là, dit-il, que des images. L’Être qui possède l’ubiquité est partout à la fois, présent tout entier, dans tout ce qu’il est ; il n’a cependant pas de lieu, il n’est dans rien, hormis dans l’Un. L’étendue sensible n’étant que l’image de l’intelligible, on ne peut pas dire que l’idée de l’ubiquité, dans ces mots : partout à la fois, implique matériellement contradiction ; c’est dans le concept lui-même que la contradiction réside, parce que l’image prétendue ne représente pas l’Un, mais les rapports de distance et de position inhérents à tout ce qui est représenté dans l’espace. L’unique sens de la formule est que la réalité appartient toute à l’ordre émanant, et que ce qu’on appelle image dans l’ordre émané, est l’illusion du phénomène.