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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/157

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impériale, qui délaissent la dialectique et se distinguent de leurs anciens par plus d’indifférence à l’égard de la chose publique, et par un sentiment de résignation, non d’adhésion, au mal, qui ne peut être que ce que Zeus a voulu. La distinction caractéristique d’Épictète entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous, dans les événements, en sorte qu’il faut ne penser qu’à sa perfection propre, et se détacher de ce qui ne la touche point, est presque l’opposé de la théorie du Sage qui, en présence de l’inflexible destin, voudrait pour être libre se considérer lui-même comme étant une part active, un complice de la fonction universelle, l’égal de Zeus ! La véritable idée de la liberté, celle du libre arbitre, va bientôt se faire jour. Elle se trouvera en contradiction plus sensible avec la thèse du déterminisme, parce qu’elle posera l’option entre les actes bons, conformes à la volonté divine, et les actes mauvais, c’est-à-dire contraires à cette même volonté, et toutefois possibles, puisque entre eux le choix est donné. On ne laissera pas de garder la théorie stoïcienne : que rien ne se fait au monde qui ne soit l’œuvre par anticipation de la puissance suprême qui a tout prémédité, et qui même serait mieux nommée acte que puissance.

La contradiction a été en quelque sorte imposée aux théologiens, plus qu’aux philosophes. Ceux-ci, le plus souvent, étaient, au fond, de résolus déterministes ; mais ceux-là, qui auraient exagéré plutôt que diminué la thèse de l’absolutisme divin que leur transmettait la philosophie, d’accord avec le judaïsme, étaient obligés, d’un autre côté, de revendiquer le libre arbitre pour les besoins de la morale, pour donner un sens à l’enseignement des commandements divins.

Plotin s’exprime nettement, sans équivoque, à ce