Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Prenons les thèses de l’ubiquité, de la création continue, de l’identification de l’être de la chose avec l’action propre de Dieu présent dans la chose ; rapprochons-les de la doctrine de l’éternité simultanée, suivant laquelle le temps n’existe pas pour Dieu ; toutes les questions relatives au libre arbitre, à la prescience à la prédestination, à la grâce, à la nécessité deviennent sans objet ; on ne comprend plus qu’elles se posent, elles disparaissent, annihilées par la thèse philosophique unique, énoncée en ces termes par Malebranche, quatre cents ans après saint Thomas, selon l’exacte pensée de saint Thomas :

« Il n’y a de véritable cause que Dieu… Dieu est la seule et véritable cause de tous les effets… Lui seul est la cause de notre être, de la durée de notre être et de notre temps, de nos connaissances, des mouvements naturels de nos volontés, de nos sentiments : le plaisir, la douleur, la faim, la soif, de tous les mouvements naturels de notre corps… Dieu seul fait tout. » (L).

L

Le conflit dans la philosophie moderne. Branche aprioriste. — La méthode synthétique en philosophie, créée par Descartes, fut une grande nouveauté, surtout comme essai d’application de la méthode géométrique aux questions métaphysiques. Mais Descartes n’entendait nullement révolutionner les croyances, il voulait que l’évidence et les déductions rationnelles servissent à la confirmation des thèses capitales de la théologie, sur les points communs à la théologie et à la philosophie, sans devenir un obstacle à la foi orthodoxe sur