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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/253

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principes divers que la méthode réaliste a puisés dans les représentations dont elle est le siège, pour leur confier la suprématie des idées et la génération universelle. Les quatre premiers ont été en quelque sorte proposés de tout temps et dès l’origine de la réflexion philosophique aux penseurs de génie, ainsi que le montrent les thèses qu’ils ont énergiquement soutenues, avec des idées très nettes de ce qu’ils embrassaient comme la vérité, et de ce qu’ils repoussaient comme l’erreur. Cependant la discussion sur le quatrième (celui du déterminisme) a été la plus lente à s’établir, et son importance a grandi d’époque en époque ; mais, sur tous les points comme sur celui-là, l’impossibilité de donner une fin aux controverses a mis en évidence deux faits en lesquels se résume l’histoire des idées métaphysiques jusqu’à Descartes, qui a établi le fondement de l’idéalisme, et à ses successeurs qui en ont diversement appliqué la méthode. Ce sont :

1o La persistance des quatre questions, constatée toujours et partout où l’on a philosophé, par d’invincibles résistances et de continuels remaniements aux doctrines enseignées, libres ou imposées qu’elles fussent, sur l’absolu, la substance, l’infini et la causalité ; et, plus spécialement l’existence à toutes les époques de liberté, d’un scepticisme opposant les doctrines les unes aux autres et mettant le jugement du penseur en balance ;

2o La pente commune des philosophes et des théologiens vers la méthode réaliste. Cette méthode, en dépit de la force acquise par le nominalisme dans la dernière période de la philosophie du moyen âge, et malgré le principe idéaliste, introduit, mais imparfaitement compris par les philosophes modernes, a continué à s’imposer aux esprits et à fournir des hypothèses