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Page:Restif de la Bretonne - La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans, éd. d’Alméras.djvu/177

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D’UN HOMME DE QUANRANTE-CINQ ANS

D’une vaine espérance,
Je m’étais trop flatté ;
Chante son inconstance
Et ma fidélité !
 
C’est l’amour, c’est sa flamme
Qui brille dans ses yeux ;
Je croyais que son âme
Sentait les mêmes feux ;
Lisette à son aurore
Inspirait le plaisir :
Hélas ! si jeune encore
Sait-on déjà trahir ?

Sa voix, pour me séduire,
Avait plus de douceur ;
Jusques à son sourire,
Tout en elle est trompeur ;
Tout en elle intéresse,
Et je voudrais, hélas !
Qu’elle eût plus de tendresse,
Ou qu’elle eût moins d’appas.

O ma tendre musette,
Console ma douleur ;
Parle-moi de Lisette,
Ce nom fit mon bonheur :
Je la revois plus belle,
Plus belle chaque jour ;
Je me plains toujours d’elle,
Et je l’aime toujours.

Combien de fois depuis, n’ai-je pas répété en pleurant ces tendres reproches !

Le jour de Pâques, j’étais triste sans en savoir la raison. J’aimais Sara, je m’en croyais chéri, du moins en père. Je l’entendis à sa harpe : je frappai de la manière qui exprimait un bravo. Elle y répondit par celle qui me priait de descendre. J’accourus. « Tu m’as parlé d’un O Filii, que je voudrais entendre, tâche de m’obtenir seule. — De tout mon cœur. — En récompense,