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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/282

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lettres, au séparé[1]. Mes deux filles vont, au lieu de moi, chés l’exempt, pour lui montrer ces lettres, et lui persuader que je n’ai pas vu son billet : ce mensonge est si utile que je l’excuse. Je ne veux pas être connu d’Henri et je ne veux pas le mettre contre moi : l’agneau craint les loups…

586. 4 Xb. Hier, à dix heures, mes deux filles sont revenues de chés l’inspecteur, qui leur a parlé avec politesse et qui leur a lu tant le mémoire d’Augé, que les lettres de ce misérable. Ma fille aînée lui a montré la première lettre de ce monstre (celle du 23 juillet), et elle a articulé une partie des mauvais traitemens qu’elle a essuyé. Sur les une heure, j’ai été chés M. le prévôt des Marchands : M. Legrand[2] n’étant pas chés lui, je me suis trouvé seul avec Augé, à qui j’ai fait les reproches qu’il méritait, mais avec modération. Cet infâme m’en aurait imposé à moi-même, si je ne l’avais pas connu parfaitement. Il ne se doute pas que je sois instruit du mémoire à M. le lieutenant de police ! Et il osait me regarder avec assurance, l’infâme !…

Ainsi donc, un homme qui s’est fait quelque réputation se voit cité devant le magistrat des mœurs, accusé de retenir sa fille mariée dans une chambre secrette de la rue Saint-Jacques ; de refuser de la rendre à son mari ! Conduite certainement répréhensible ! Tandis que cette infortunée s’est elle-même dérobée aux coups ; qu’elle est venue, éplorée, marquée, deman-

  1. Elles n’ont pas été conservées.
  2. Avocat au Parlement, troisième secrétaire du prévôt des marchands.