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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/157

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M. Rousseau détermina la conduite du jeune Denêvres, issu d’une bonne famille, car il était parent du prédécesseur de mon oncle. Il chercha les occasions de me parler, pour obtenir de moi la permission de me demander à mon oncle. Il trouva enfin l’occasion qu’il désirait, et je n’accueillis pas ses vœux. Le pauvre garçon voyant que je ne voulais pas me prêter à lui accorder de petits entretiens, et qu’après avoir reçu, ne sachant pas ce que c’était, une de ses lettres, mystérieusement donnée, je ne décachetais pas les autres, il prit le parti de me faire demander. M. Polvé reçut fort mal l’entremetteur ; il lui dit brutalement que sa nièce n’était pour le nez d’aucun habitant du pays. L’entremetteur se retira, piqué de l’orgueil de son pasteur, et vint tancer M. Denêvres. Mon oncle, de son côté, me chercha tout en colère, pour savoir si c’était de concert avec moi qu’on venait me demander en mariage ? — « Non, je vous assure. Monsieur ! » lui répondis-je ; « mais si c’est M. Denêvres, il méritait des égards… » Mon oncle se mit en fureur ; il me traita d’effrontée, de précoce, de coureuse de garçons, d’hypocrite, et finit par me déclarer que je ne disposerais de moi-même qu’à ma vingt-cinquième année. — « C’est ce que je demande. Monsieur. Je voulais vous dire, quand je vous ai répondu comme j’ai fait, que si c’était M. Denêvres, il méritait des égards, attendu que, maîtresse de le prendre, je l’aurais refusé. — Détestable faus-