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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/173

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geait pas. Il me fallait un sujet de poème : voici quel fut celui qui s’offrit à mon imagination, naturellement, sans aucune suggestion. Ceci pourra jeter quelque lumière sur ce qu’on doit regarder comme les véritables idées naturelles.

J’imaginai que j’avais fait une belle action, que j’avais rendu à l’État un service important : ce service, proportionné à mes lumières d’alors dans l’art militaire, était, que j’avais ramené à la charge une armée entière qui fuyait, et que, le premier à la tête, le sabre à la main, j’avais taillé les ennemis en pièces ; que j’avais ensuite été prendre leur ville capitale, grande au moins comme Paris, et que je l’avais donnée au Roi. On sent qu’un aussi beau service méritait une récompense. Le monarque me demande quelle est celle que je désire ? Je lui réponds : — « Sire, je ne me soucie pas de richesses. » Je vous demande seulement, pour me faire un enclos, les prés du Rü, ceux des Rôs, ceux de la Grange-à-la-Sœur, de la Chapelle, le Grandpré, la Vallée jusqu’aux Fontaines de Joux, le Boutparc et tout son alignement (où se trouvait mon vallon), des Fontaines à la Creuse ; enfin la petite terre du Vauxdupuits. Vous paierez généreusement tous les particuliers évincés ; vous ferez entourer ma possession de murs de vingt-cinq pieds de haut, et de six de large ; j’aurai une jolie maison ayant vingt-huit chambres, sur la colline de la Meule, cour au-dessous, jardin au-dessous, arrosé par un ruisselet tiré des Fontaines de Joux ; une