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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/174

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étable à moutons, à bœufs, à chevaux de labourage. Vous me donnerez des abeilles, des poules, des oies, etc., surtout une belle volière d’un arpent, bien grillée, où j’aurai toutes sortes d’oiseaux, avec des cascades en été pour leur tenir frais, des poêles en hiver pour leur tenir chaud. » Après ces détails puérils, que ma tête inexpérimentée faisait au Roi, j’en venais enfin au but principal. Mais je fus ici sérieusement arrêté pendant quelques jours, pour savoir si je demanderais au Roi tout uniment qu’il me donnât Jeannette en mariage, pour vivre avec elle dans mon enclos, ou si je suivrais mon plan de libertinage. Une idée lumineuse me décida : « Que je suis simple ! Rien de tout cela n’est vrai ; je n’ai cette idée de mon enclos et des filles que j’y aurai, que comme un sujet de faire des vers ; cela ne peut m’ôter Jeannette, qui ne le saura jamais. » Ne risquant plus rien, je fis enfin ma dernière demande au Roi : « Sire : j’ai une grâce à vous demander, pour couronner toutes celles-là : c’est que je pourrai choisir douze jeunes filles, sans qu’on puisse me les refuser, pour les avoir avec moi dans mon enclos ? » Le Roi paraissait interdit, dans la crainte que je lui demandasse quelque princesse. Je me hâtais de le rassurer : « Sire ! ces douze jeunes filles, je ne les prendrai que dans trois villages : Courgis, Nitry, Sacy. » Aussitôt le Roi ne manquait pas de m’accorder ma demande, et d’ajouter que personne ne