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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/182

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

les Vandales, n’en étaient pas moins chastes, les vierges moins vierges. » Ce trait me fit d’abord songer à sœur Marguerite, qui paraissait fort triste depuis mon entreprise sur elle, et je me promis de lui faire valoir le passage de la Cité de Dieu. Ensuite, mon imagination vaguant sur ces Barbares, je songeai à des soldats : puis mêlant cette idée de soldats à celle de mes deux loups, je les amalgamai si bien, qu’il en résulta une fable intéressante… La grand’messe de Courgis, grâce à la piété de mon frère, durait trois heures, depuis neuf jusqu’à midi ; on dînait au sortir de l’église : ainsi l’abbé Thomas n’eut pas le temps de m’interroger. On se mit à table. Un de nous faisait la lecture ; un geste l’interrompit. La soupe mangée, l’abbé Thomas fit sa plainte contre moi. Le curé me regarda, comme pour me dire : « Que répondez-vous ? — Je suis hier parti plus tôt qu’à l’ordinaire, » répondis-je modestement, « et j’aurais dû être de retour avant la nuit, sans un petit accident dont je ne voulais rien dire, pour ne pas donner d’inquiétude, une autre fois… Je traversais la grand’route, lorsque j’ai aperçu, du côté d’Auxerre, cinq à six hommes, qui me faisaient signe de les attendre. J’hésitais à le faire ; mais enfin j’ai pensé que c’était peut-être pour me demander le chemin. Je les ai donc attendus. Lorsqu’ils ont été tout prés de moi, j’ai vu, avec quelque frayeur, que c’étaient des soldats avec des recrues. Ils m’ont demandé si je voulais m’engager ? Ma réponse a été, que j’étais