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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/197

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entendu par des hommes plus intelligents !… par M. Stallin… M. Rousseau, fils ou père…, par l’abbé Thomas !… Cette idée me fit frémir !… Je résolus d’ôter mon poème de ma doublure, et de le cacher dans un trou du mur à sec du jardin curial, en tirant une pierre, que je replacerais exactement. Ce fut ce que j’exécutai, à mon retour… Après que les deux bûcherons m’eurent quitté, pour aller reprendre le chemin de Vaucharmes que la curiosité leur avait fait laisser, mon imagination, échauffée par la lecture et par le vin, s’arrêta sur des images lascives : je suivis avec brutalité l’idée de la possession de la femme Chevrier ; je me mettais, en suivant cette chimère, au-dessus de tous les sentiments honnêtes… J’ai fait, depuis, à cette occasion, une remarque : c’est que l’adultère corrompt les mœurs bien plus vite que tout autre genre d’impudicité ; et que la moins corruptrice, comme la moins dangereuse pour le moral, est celle avec les filles publiques ; c’est l’adultère, et non ces dernières, qui cause l’horrible corruption des grandes villes. Un mois s’écoula depuis ce voyage.

Cependant j’observais sœur Marguerite : je m’aperçus que ses jupes raccourcissaient un peu par devant, et je l’en avertis, en ces termes : — « Vos jupes commencent à devenir à la mode de Nitry. » Elle me comprit tout d’un coup ; car on sait dans tout le canton, que les femmes de Nitry ont la jupe écourtée par devant, et en forme de queue par derrière ; ce qui a quelque chose de lubrique. Margue-