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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/198

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

rite apporta un remède factice à l’irrégularité de son habillement, et commença de parler de ses affaires à Paris. Elle se fit même écrire par son frère une lettre qui la mandait, pour la garder chez lui. Le jour de son départ fut fixé ; mais elle promit au curé de revenir, dés qu’elle aurait terminé ses affaires, « préférant », dit-elle « une vie humble et simple au village, à une plus douce et plus variée à la ville ».

Elle partit un mercredi, de très grand matin, afin que j’eusse la facilité de revenir de bonne heure ; car elle me demanda, pour la conduire sur Martin, joint à un autre, qui portait le surplus de son bagage… Notre entretien fut aussi affectueux qu’intéressant : j’étais pénétré des procédés de Marguerite ; elle m’adorait, malgré elle, depuis que je l’avais rendue mère ; j’avais effacé de son cœur Louis Denêvres, qui, depuis son accident funeste, y entretenait une douce mélancolie ; elle l’avait aimé mort, par reconnaissance, comme elle avait cessé, par devoir, d’aimer M. Rousseau marié… Après tous ces aveux, tous ces détails, elle me recommanda la sagesse, les bonnes mœurs ; elle me parla de notre enfant, et me dit, que s’il vivait, il aurait tout ce qu’elle possédait, par des arrangements certains ; sinon, qu’elle n’avait plus personne au monde qui lui fût aussi proche que moi… J’ai toujours admiré la belle âme de cette bonne fille, son sens droit, qui la faisait parler si juste, quoiqu’elle fût réellement dévote… Je porte chèrement son souvenir dans mon