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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/200

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

ruines d’une partie de l’église, nous nous embrassâmes tendrement, en versant des larmes… dont l’amertume sembla présager un éternel adieu ! « Soyez sage ! » répéta souvent Marguerite, « si vous voulez être heureux. Dissimulez vos sentiments, si vous voulez obtenir Jeannette un jour, et recherchez l’amitié de son frère : c’est un jeune homme qui fera son chemin ; il est fort aimé de Mme de Varennes, sœur de M. le baron de Courgis, et elle veut lui donner une place de secrétaire dans sa maison ; d’ailleurs il aime tendrement sa sœur. Mais ne vous confiez pas trop tôt ! votre jeunesse ferait regarder, votre démarche comme ridicule. Un bruit sourd a couru, que vous écriviez des choses singulières ! J’ai répondu pour vous. N’en écrivez jamais de pareilles ; soyez prudent ! des yeux sévères sont ouverts sur vous… Ne vous montrez à vos frères que sous un jour favorable ! Vous avez de la religion, quoique vous… fassiez des écarts ; plaisez-leur par là ; une faute que vous ferez en secret sera toujours une faute, puisqu’elle sera connue de Dieu ; mais une faute sue de vos frères serait un crime impardonnable, dont les suites empoisonneraient le reste de votre jeunesse, et peut-être toute votre vie… peut-être celle de votre père et de votre mère ; car on ne néglige rien pour interrompre vos études. Dieu est un père indulgent, qui pardonne : vos frères seraient à votre égard des juges qui ne sauraient que punir. J’en dis beaucoup, rendant, comme je