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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/210

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

proposant de me lever matin pour aller cacher mon cahier. Encore si j’avais eu la précaution de le remettre dans ma doublure ! mais je le laissai dans ma poche !…

Le lendemain, en m’éveillant, ma première pensée fut pour mon poème. Je me hâtai de sortir du lit et de la chambre, sous prétexte d’un besoin. Parvenu dans l’allée de ma cachette, je cherche dans la poche de ma veste !… Je ne trouve rien !… Je reviens effrayé ! Je regarde sur mon lit, dedans, dessous… Rien… Alors je me consolai : je crus l’avoir laissé tomber dans le bois, en me levant à la hâte. J’étais tenté de m’échapper, et comme j’étais preste à la course, de l’aller prendre à toutes jambes, pour ne me remontrer qu’après l’avoir mis en sûreté. J’attendis une occasion, qui ne se présenta pas. Dans la matinée, je remarquai plusieurs allées et venues de l’abbé Thomas dans la chambre de son frère. Celui-ci passait ordinairement la matinée à l’église : il n’y alla que sur les onze heures ; il ne dit pas sa messe !… Je ne croyais pas encore en être cause, et qu’il regardait son imagination comme souillée par mes vers ! (Ah ! le bon goût devait être encore plus offensé que la pudeur !) À dîner, un froid de glace… Ce fut alors que je regrettai Marguerite, qui m’aurait instruit, comme il était quelquefois arrivé, dans des occasions bien moins importantes ! On ne me parla de rien à la récréation. Le lendemain s’écoula. Les craintes vagues que m’inspirait la nouvelle réserve m’empêchèrent de m’échapper