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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/217

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que envie de n’être plus Janséniste, le nouveau maître me recevrait à bras ouverts. Je ne me doutais pas que l’espèce de pleutre qu’on avait mis à la tête des enfants de chœur, ignorait jusqu’au nom de Janséniste et de Moliniste ; mais il était intime ami d’un certain François, ancien frère cordonnier, colporteur des Nouvelles ecclésiastiques, retiré à Bicêtre, pour y être le commissionnaire et le rapporteur des Jansénistes expulsés, qui s’intéressaient encore à la Maison. Ma lettre, assez bien tournée, fut montrée au cordonnier Janséniste ; le premier consultait le second, que son obscurité empêchait d’être suspect. Frère François tressaillit de plaisir et de sainte horreur, à une aussi grande nouvelle ! Quelle relation à faire ! Un apostat ! Quelle belle action de renvoyer la lettre à ses frères ! « Il faut me prêter cette pièce ». Son ami bonasse la lui confia. Frère François s’endimanche, et court à Paris porter ma lettre à M. Duprat. Celui-ci, en homme prudent, s’en empare et va la brûler. François paraît au désespoir ! il dit que c’est un dépôt confié. Duprat la rendit, en l’engageant à la supprimer. François ne promit rien. De retour à Bicêtre, il obtint la lettre en propriété, l’enveloppa dans une longue relation de sa façon, et mit le paquet à la poste.

Depuis quinze jours que ma lettre était partie, j’avais soin d’aller à tous les retours de Cady, le regrattier de Courgis, m’informer s’il n’y avait pas de lettres. On me les remettait, et je voyais facile-