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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/218

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

ment si ce n’était pas ma réponse, car j’avais des craintes vagues. Malheureusement, le jour et à l’instant où Je paquet de frère François arriva, j’étais occupé ; ce fut Huet qui alla chez Cady prendre les lettres. Je ne le vis ni sortir ni rentrer. Ce garçon, qui aimait à faire l’officieux, voyant un gros paquet, se dépêcha de l’aller porter au curé, alors au confessionnal. Il revint ensuite, et ne me parla pas. J’étais encore occupé. Enfin, je finis, et je courus chez Cady, qui me dit qu’il venait de remettre un gros paquet à M. Huet. Le cœur me battit ; mais j’étais loin d’imaginer qu’on eût renvoyé ma lettre : ce gros paquet me rassura.

Cependant, le curé, après avoir écouté la personne qu’il entendait, ouvrit le paquet, et le dut lire avec l’étonnement qu’il est aisé d’imaginer !… J’étais à ma table, à travailler le soir, lorsque j’entendis une seconde fois aller, venir, le curé, l’abbé Thomas, et jusqu’à M. le chapelain, qui avait toujours pris ma défense, et qui avait excusé… jusqu’à mes vers (qu’Apollon n’aurait pas excusés), en développant, bien mieux que moi-même, dans une lettre à mon père, les causes physiques et morales de cet écart : Marguerite l’avait mieux instruit sur mon compte, que mes frères ne pouvaient jamais l’être… Tout s’agitait, et sœur Pinon elle-même était du mystère. Ce fut alors que j’eus de sérieuses alarmes ! « Ah ! Marguerite ! » disais-je tout bas, « que n’êtes-vous ici ! Je me suis privé moi-même de mon soutien et de mon amie !… » Cependant,