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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/230

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

avait quatre louis en or ; il en donna la moitié. « Non ! non ! » dit Stallin, « c’est trop ! Nous demandons la charité, mais non pas qu’on se dépouille ; vous êtes trop généreux, Monsieur le curé ! vos paroissiens sont vos enfants et ils peuvent avoir besoin de vous. » Le curé regarda Stallin avec quelque surprise : — « En lisant la lettre de votre pasteur, » lui dit-il, « je l’ai admirée ; j’admire à présent son envoyé… Dites-moi, honnête paroissien, quel homme est-ce que votre curé ? » Stallin, ami de mes frères, fit leur éloge avec cette naïveté que donne la conviction. Le bon prêtre l’écoutait avidement, la larme d’attendrissement prête à couler. — « Ah ! » s’écria-t-il lorsque Stallin eut cessé de parler, « il est donc encore de dignes prêtres, qui ramènent par leurs mœurs les temps apostoliques ! J’en bénis le Seigneur ! Béni soyez-vous, ô mon Dieu !… L’ami, j’ai d’autres ressources pour mes enfants d’ici. Je ne vous verrai peut-être que cette fois ; je donne deux louis par commisération pour les incendiés et les deux autres par amitié pour mon frère de Courgis : oserez-vous refuser ce que donnent la charité fraternelle et l’amitié ? » Stallin fut obligé d’accepter. Après le dîner frugal, le bon curé alla quêter chez ceux de ses paroissiens qu’il savait en état de donner, et cette petite paroisse produisit cent écus, dont le pauvre pasteur avait fourni quatre-vingt-seize livres. Ce trait me plut ; le bon chapelain Foynat en fut enchanté ; il écrivit au curé une lettre digne de tous deux, car il lui mar-