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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/31

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pondis que je trouvais ce nom-là très beau, et qu’il valait bien celui de Monsieu’ Nicolas, qu’on me donnait au pays. — « Comment, Monsieur Nicolas ! — Oui, Monsieur, voilà comme on m’appelle à Sacy. » L’abbé Thomas fut charmé que je commençasse ainsi de moi-même, et il augura bien de ma docilité.

À notre arrivée, je fus placé, non à la petite table où mon frère mangeait avec le sous-maitre, M. Maurice, et deux enfants, de ceux à calotte rouge, frère Nicolas Fayel et frère Jean-Baptiste Poquet, mais à l’une des deux grandes tables, entre frère Edme et frère Joseph : le premier Trécin[1] et fort taquin ; le second, roux et du caractère indiqué. Il me fallut de la patience.

Je soupai de l’ordinaire de la maison, qui n’était1747 pas excellent ; c’est un mauvais ragoût accommodé de manière à ne pas satisfaire sa sensualité. Depuis, j’ai fait l’observation que l’accommodage, dans toutes les maisons publiques, gâtait la viande au lieu de la bonifier, dans l’unique vue d’enrichir l’économe. Les cuisiniers ne mangent pas de ce qu’ils assaisonnent ou plutôt empoisonnent pour le pauvre ; ils ont un ordinaire à part, qui est celui des Officiers, et ils traitent les pauvres beaucoup plus mal qu’on ne nourrit à Paris ces animaux abandonnés, qui vivent de ce qu’on jette. L’économe a une

  1. Natif de Troyes en Champagne ? (N. de l’Éd.)