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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/45

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fois, le 26 mai 1756, chez la Massé… Nous fûmes presque surpris par les deux Mères, que Mélanie, qui faisait le guet, retint un instant à la porte… On nous donna de l’élixir à tous trois, et nous nous en retournâmes… Pour un petit dévot Janséniste, ma morale était un peu relâchée ! Mais on voit que je n’avais pas recherché l’occasion, et que mon premier usage, cause de ma félicité, avait été purement accidentel… Il ne faut pas croire non plus que mes camarades fissent comme moi : c’étaient des enfants que l’on caressait, mais trop délicats pour le reste.

Ma double aventure me procura une autre bonne fortune, dont je ne donnerai pas les détails ; je les renvoie, comme beaucoup d’autres, à mon Calendrier. Je me contente d’indiquer ici la situation d’une estampe intéressante, qui rende au juste la figure et le caractère des deux jolies sœurs-grises, et montre, dans une arrière-scène, le genre des caresses que les mères faisaient à mes camarades#1 … Nous obtînmes tout ce que nous avions demandé ; au lieu que lorsqu’on envoyait frère Joseph, frère Edme, frère Étienne le panetier, frère Denis le camériste, frère Barthélémy le thuriféraire, frère Charles, frère Hippolyte, etc., l’on ne pouvait rien tirer. Cependant un grand et joli garçon, d’Orléans, nommé frère[1]

  1. Les estampes, outre qu’elles rendront la situation, donneront, par la physionomie, le caractère des personnages, et quelquefois exprimeront ce que je n’ai pas décrit : comme, par exemple, ici, les caresses que les deux mères faisaient aux jeunes frères Fayel et Poquet.