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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/47

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fortement l’esprit et le cœur, qu’ils énergisent en donnant du ressort, par la contrariété, à toutes les passions ; ils font replier leurs élèves sur eux-mêmes par la réflexion ; en un mot, leur éducation rend naturellement logicien, philosophe, ou dévot. Et voici comment : le Janséniste est toujours en présence de Dieu ; persuadé que son oubli seul serait damnatoire, il fait toutes ses actions sous les yeux de ce redoutable témoin, qu’il se peint terrible, même pour le juste. En conséquence, son intelligence travaille sans cesse ; il visite, il développe, il étudie les plus secrets replis de son cœur. Sa manière réfléchissante étant pour tout, les élèves du Janséniste ne sont pas toujours dévots ; au contraire, la trop grande sévérité du Dieu Janséniste le fait redouter dans l’enfance, approfondir dans la jeunesse, et mécroire dans la maturité, aux esprits justes. Le Janséniste qui étudie, porte dans les sciences cette attention, cette pénétration qu’il a exercée sur lui-même, et il y fait de rapides progrés. S’il n’étudie pas, il lui reste la connaissance de lui-même et la faculté de connaître les autres : aussi est-il sévère, taquin, tracassier. D’après cette courte discussion, est-il étonnant que Racine ait été le peintre du cœur, et que jamais personne depuis n’ait pu l’égaler ? Il avait été Janséniste, et il l’était encore. Est-il étonnant que Pascal, déjà pénétrant par lui-même, ait surpassé tous ses contemporains, dans certaines parties, comme Racine dans d’autres ? Que Boileau ait travaillé ces vers limés et châtiés