Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lendemain, il rendit les visites ; il était suivi des prêtres Villaret, Désert, Bonnefoi, Aubry, Maclegny, notre confesseur, et d’un prêtre Gascon, dont le nom m’échappe, encore plus fougueux, ou plus fourbe que le recteur… Ce fut Maclegny qui porta la parole : — « M. le recteur voudrait voir vos livres ? », dit-il, après un compliment d’entrée fort sec. Le maître ouvrit la bibliothèque. Le recteur et Bonnefoi parcoururent les dossiers, tandis qu’Aubry voulait badiner avec frère Jean-Baptiste ; que Villaret et Désert, hommes sages, gardaient auprès de la cheminée un morne silence, et que le prêtre Gascon interrogeait les plus jeunes d’entre nous. Pour Maclegny, sa douceur naturelle, ses dispositions pacifiques lui faisaient mettre adroitement de côté tout ce qui devait blesser davantage le recteur. Bonnefoi était un zélé Moliniste ; mais sa conduite régulière, austère même, le faisait également considérer de tout le monde, dans la maison ; sa vie était une bonne œuvre continuelle. Quelques autres ardents déclamaient contre les Jansénistes ; Bonnefoi ne disait mot ; il tâchait de les surpasser en pureté de conduite, et de les égaler en bienfaisance. Cette manière de les combattre, était bien plus efficace que l’autre ! Il servait les pauvres les plus repoussants et les plus abandonnés ; il se privait de son nécessaire pour les secourir. J’ai entendu de sa bouche, à l’infirmerie de la Miséricorde (celle des filles prostituées que l’on traite), les vérités les plus consolantes de la Religion, annoncées de la manière la plus atten-