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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/66

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drissante à la malheureuse qu’il administrait ; il toucha ce cœur, plus corrompu que le corps ; il la résigna, lui inspira la patience, en charmant ses douleurs : « Ma chère sœur, voici Dieu lui-même » qui vient vous visiter. » Son air de conviction la frappa ; il la convainquit, la sauva. En sortant, il dit aux sœurs de service : — « Mes très chères sœurs, encore plus de propreté ; je vous en conjure, au nom de notre Dieu, que j’ai l’honneur de porter, moi, pécheur indigne ! Sachez que ces infortunées souffrantes sont les vrais membres de Jésus-Christ, par leurs souffrances même, quoique méritées : elles le sont comme vous et moi ; peut-être plus que moi, pécheur insigne, indigne du saint ministère que j’exerce. » Et cet homme était la pureté même. Villaret était un homme un peu aigre, mais tempéré par la religion. Désert semblait avoir été produit avec complaisance par la Nature, pour être le liniment de la Société ; sa physionomie ouverte, ses manières obligeantes, le faisaient aimer (tel sera, dans la suite, mon excellent ami Loiseau) ; et ce prêtre si propre au ministère de paix, et à faire aimer la Religion, venait d’être interdit, sous prétexte d’assentiment au Jansénisme !… Aubry pétillait d’esprit ; il avait été libertin, et n’était ni Janséniste ni Moliniste, ni Chrétien : c’était un cadet de Normandie, qui s’était fait prêtre pour vivre. Quant à Maclegny, Breton, c’était un homme discret, qui se conformait aux sentiments de tous ceux avec lesquels il vivait : Janséniste avec nous, il nous par-