Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/67

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lait en Janséniste ; même morale, même doctrine, même sévérité : avec les Molinistes et les consciences tendres, il était doux, indulgent. Un jour, à confesse, je lui parlai avec horreur du sacrifice fait au Diable : il me rassura, par mon innocence et mon peu d’expérience. Encouragé par là, je parlai de Nannette, de Julie, d’Hélène Clou, de Mélanie, Rosalie, de sœur ou mère Saint-Augustin, en déguisant la condition de ces trois dernières. Maclegny se signa, me demanda mon âge, et me dit, « que depuis mes premières pensées obscènes sur Nannette, j’étais en état habituel de péché mortel, et par conséquent damné. » À ce mot, dont mon éducation Janséniste ne me faisait que trop sentir la vérité, je m’évanouis… Le confesseur fut obligé de me secourir… Revenu à moi, je répétais en sanglotant : « M. Denates le dit ; si je mourais en cet état, à jamais damné, à la façon de M. Aubry ? — Non ! » dit le prêtre effrayé, « quand on se repent, et qu’on a un regret aussi vif, le péché n’est plus que véniel ; la contrition le change de nature, en attendant que la miséricorde l’efface. » Il me traita ainsi, quand il me vit une conscience timorée ; mais avec les âmes dures telles que nous en avions, frère Charles, frère François ; ou stagnantes, comme frère Denis ; ou futiles, badaudes, comme frère Ambroise, Maclegny tonnait. C’est ce qui lui avait donné la confiance de notre maître, avec lequel il était Jansénite.

Je disais que le recteur et Bonnefoi examinaient nos livres, dont j’ai rapporté la liste, et que Macle-