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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/74

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dessus de leurs moyens. Comme l’abbé Thomas attendait l’avis, tout fut prêt en deux heures. Nous sortîmes trois ensemble, mon frère, M. Maurice et moi, comme si nous allions à la promenade. Ce fut le 22 Novembre 1747, jour de ma naissance, et le premier de ma quatorzième année. Quelle fut notre surprise de voir que le portier était instruit ! Il nous dit adieu la larme à l’œil. À deux cents pas, nous trouvâmes le gouverneur et le sous-gouverneur de Saint-Mayeul qui présentèrent une bourse à mon frère. Il se défendit de l’accepter ; mais il leur recommanda tout bas M. Maurice. Nous nous embrassâmes ; une chaise conduisit les deux gouverneurs à la capitale, et nous prîmes le chemin de Vitry.

Nous devions aller ce jour-là de surprise en surprise. J’avais remarqué un homme qui venait du dehors, et qui nous observa beaucoup, lorsque l’abbé Thomas refusa la bourse. Cet homme s’éloigna par un sentier dans les champs. Avant d’arriver au grand chemin que nous étions obligés de traverser, nous retrouvâmes cet homme, couvert d’un gros surtout brun, ayant une perruque de laine noire qu’on entrevoyait sous une sorte de capote. Il attendit que l’abbé Thomas et M. Maurice fussent passés, pour venir à moi : « Mon petit ami, » me dit-il, « le chemin de Villejuif ? — Le voilà, Monsieur. — Mon cher enfant, » me dit-il, « je m’adresse à vous, plutôt qu’à vos maîtres ; tenez, prenez ce paquet ; il y a quelque chose qui peut