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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/75

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leur servir. Je voulais le leur faire remettre par frère Paul, ou par frère Olivier ; mais j’ai changé d’avis… C’est quelque chose qui leur appartient… Prenez ; ils vous en auront obligation. » Je vis que cet homme nous connaissait ; je pris le paquet en hésitant un peu ; et dès que je l’eus entre les mains, l’homme s’éloigna rapidement. Quand je l’eus regardé marcher quelque temps, je m’avisai de courir après mon frère, qui m’entendant, fut effrayé : il se retourna ; mais me voyant seul, il se remit, et continua de marcher assez vite, de sorte que je ne le rejoignis que lorsque l’homme fut hors de vue. « Monsieur ! » lui dis-je, « voilà un paquet qu’un homme vient de me donner. Je n’ai pas osé vous appeler ; mais j’aurais bien voulu que vous m’eussiez attendu ! » L’abbé Thomas prit le paquet, qui était bien cacheté, bien ficelé ; il ne l’ouvrit pas ; nous étions pressés d’arriver à notre cachette ; mais il le porta. Il me questionnait, en marchant. — « C’était un gros homme, mais à cause de ses habits, je crois ; car il a le visage maigre et pâle, le nez effilé ; le son de sa voix ne m’est pas inconnu ; mais je ne saurais dire qui c’est. » Je répétai mot pour mot tout ce qu’il m’avait dit. Arrivés chez les voisins de notre maison de campagne, amis de mon frère, et qui nous donnaient un asile, on ouvrit le paquet. Sous dix enveloppes, qui sans doute n’avaient d’autre motif que de retarder l’ouverture, nous trouvâmes un rouleau de cinquante louis, dont moitié en petits écus ; avec ces