Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux mots, d’écriture inconnue : « Je n’ai pu mettre tout en or ; vous le pourrez au premier endroit. Ne couchez pas dans votre maison de campagne, mais chez quelqu’un de vos amis… Prudentiam ! et Valete. »

La surprise fut extrême. On profita de l’avis. On alla sur-le-champ chez deux bons dévots Jansénistes, qui nous firent conduire, dans l’obscurité, chez un vieux garçon leur parent, où nous logeâmes pendant huit jours, sans sortir.

Cependant frère Olivier, qui aimait beaucoup son maître, vint à la maison de campagne, et ne nous y trouvant pas, il s’informa de nous aux bonnes voisines, qui lui cachèrent notre asile, pour cette fois, ne le connaissant que pour un domestique. Mais lorsqu’on eut parlé à l’abbé Thomas, celui-ci répondit qu’il verrait Olivier avec plaisir. Ce fut trois jours après. Ce garçon raconta tout ce qui se passait dans la maison, depuis notre fuite. Il y avait eu dès le lendemain un nouveau maître, qu’on tenait apparemment tout prêt ; il n’était resté que cinq des enfants, tous cinq de Paris, ou des environs. Frère Paterne, natif d’Orléans, qu’on n’était pas venu chercher, s’en était retourné seul chez ses parents, le lendemain de notre disparition, en s’échappant à la promenade ; frère Ambroise était resté, avec frère Frécœur, et trois autres nouveaux : frère Martin, fils d’un maçon de Palaiseau, frère Jérôme, fils d’un cavalier du guet de Paris, et frère Timothée, qui n’avait pas encore la soutane, lors de la visite du recteur.