Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après ces nouvelles, l’abbé Thomas parla de la remise d’argent, et des deux mots d’avis, ne doutant pas que le tout ne vînt de quelques honnêtes gens de la société des Gouverneurs, qui vivaient à la Maison pensionnaires, par amitié pour les Duprat et leurs pareils. Olivier rêva un moment : « Comment était-il habillé ? » On me fit répéter les détails ; je n’oubliai rien. « C’est M. Bonnefoi ! » s’écria le bon Olivier ; « je l’ai vu moi-même ; je l’ai vu rentrer avec ce même habit, étant sorti un moment après votre départ, et portant mes regards de ce côté, pour vous découvrir sur le chemin. Mais je vous crus dans une chaise qui roulait au loin. J’ai vu M. Bonnefoi rentrer, faire un signe au portier, qui l’a reconnu ; il avait une grosse redingote brune, une perruque de laine noire, de gros souliers, des guêtres d’Auvergnat ! On l’a revu sortir encore hier sous cet habit, pour aller sans doute à quelque bonne œuvre secrète ; car c’est comme il les fait… » À ces détails, ne pouvant plus douter, l’abbé Thomas, M. Maurice et moi par imitation, nous tombâmes à genoux, le premier s’écriant : « Mon Dieu ! faites-lui connaître la vérité ! » Intérieurement, moi, petit esprit de treize ans, je me dis tout bas : « Il la connaît, puisqu’il pratique la charité fraternelle… » Mais il fallait quelque chose de plus à un Janséniste. Ils firent rendre les douze cents livres. J’en fus peiné ; je me dis que Bonnefoi ne méritait pas un refus. J’avais raison : Bonnefoi, à ce que nous sûmes, nous pardonna de l’avoir