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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/78

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reconnu, et de l’avoir exposé à l’improbation de ses supérieurs. Il fut chassé de la maison ! Oh ! vil évêque !… Mais la vertu ne porte-t-elle pas sa récompense ? Un conseiller au Parlement, parent du sous-gouverneur de Saint-Mayeul, et Janséniste comme lui, fut si touché de ce trait, qu’il nomma Bonnefoi à un bénéfice, dont il était collateur. J’ignore le reste ; mais le digne Bonnefoi n’a pu qu’être heureux, lorsqu’un honnête revenu l’a eu mis en situation d’exercer sa bienfaisance. Ainsi, ce fut un Janséniste qui récompensa la vertu dans un Moliniste, et qui s’acquit une gloire peut-être inouïe, qu’il eût été si beau à Christophe de Beaumont de chercher à se donner[1] !

Après une semaine de séjour à Vitry, on me fit conduire à Paris par Olivier, chez ma sœur Marie. Le maître et le sous-maître se séparèrent en même temps, pour ne se revoir jamais, et tout fut dissous. J’avais pris, moi, un air grave ; intérieurement j’étais persuadé de ma surexcellence, depuis que j’étais persécuté pour la vérité ; je me regardais comme un petit confesseur de Jésus-Christ. J’avais peu perdu : mais enfin, c’était tout ce que j’avais à perdre, que

  1. Saint Augustin l’aurait fait : mais Saint Augustin avait une âme, et c’est ce qui manquait à Christophe de Beaumont. Cette tête vide récompensait le libertin Fréron, qui se moquait de la Religion, en la défendant, et qui, à chaque sortie contre Voltaire, venait demander un bon de mille écus, que l’archevêque faisait toujours de quatre mille livres. Ce Fréron, dans le particulier, avec ses amis, était admirateur outré du vieillard de Ferney.