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Page:Revue Musicale de Lyon 1904-02-17.pdf/6

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revue musicale de lyon

Monnaie. Il est du reste tout à fait légitime, qu’avant de retenir ses places, le public soit mis à même d’apprécier les conditions du spectacle qui lui est offert. »

Nous nous associons entièrement à cette observation très judicieuse de notre confrère.

La reprise de la Walkyrie aura lieu jeudi 18 février. Cette œuvre sera interprétée par M. Gauthier (Siegmund), Mme Mazarin (Sieglinde), M. Sylvain (Hunding), Mme Claessen (Brunnhilde), Mlle Domenech (Fricka). M. Daraux (en représentation) chantera le rôle de Wotan.

Nous ne voulons pas juger d’avance cette distribution, mais il est permis cependant de supposer qu’elle sera loin de valoir celle de la création (Grand-Théâtre, 4 janvier 1894) qui réunissait trois artistes de premier ordre : M. Lafarge (Siegmund), Mlle Janssen (Sieglinde) et Mme Fiérens (Brunnhilde) et qui était complétée par Mme Desvareilles (Fricka), M. Seintein (Wotan) et M. Sylvestre (Hunding).

LES CONCERTS

Concert Fauré

Le 8 février, le maître Gabriel Fauré a triomphé deux fois comme compositeur et comme interprète de sa musique, avec le concours de MM. Henri Marteau, Pahnke et Rehberg. Au programme, la sonate pour piano et violon (op. 13), déjà bien connue des mélomanes lyonnais, s’encadrait entre les quatuors en sol mineur (op. 45) et en ut mineur (op. 15), que le public de nos concerts a trop rarement occasion d’entendre. Les admirables œuvres, tout ensemble exquises et fortes, puissantes sans emphase, et dont l’élégante intimité est faite pour l’enchantement d’une élite ! Tout ce que ces mots : « musique de chambre » promettent de joies délicates, vous le trouverez là, ou nulle part. Il y a longtemps que l’on ne peut plus sans banalité, parler de charme à propos de M. Fauré. Ce qui fait la beauté paradoxale de ses quatuors, c’est qu’ils unissent à une parfaite clarté d’ordonnance cette grâce insaisissable que le magicien de la Bonne Chanson a répandue sur ses merveilleux Lieder. Écoutez, par exemple, les deux adagios, ces purs et profonds poèmes élégiaques ; le scherzo du 1er quatuor, dont les prestes ébats, traversés de lueurs lunaires, semblent se passer dans la forêt du Songe d’une Nuit d’Été ; et cet autre scherzo (quatuor en sol mineur) dont les rythmes inquiétants et fantasques enveloppent de leurs tourbillons tous les thèmes de l’allegro initial : est-il possible de plier les formes traditionnelles aux jeux d’une plus souple fantaisie ! Jusqu’en les subtils raffinements de son art, M. Fauré demeure un héritier des classiques. La tradition entre ses mains, devient si ductile, qu’il peut aller à la découverte des terres inconnues sans rompre jamais le fil conducteur.

Le jeu de M. Fauré ressemble à ses œuvres : son style sobre et d’une magistrale tenue, coloré sans recherche d’effets, animé d’une intime et persuasive émotion, console des outrances pianistiques que les solistes nous infligent trop souvent. J’ai souvenir d’avoir entendu dans le 2e quatuor un des plus célèbres pianistes français : comparé à celui de l’auteur, son jeu éblouissant et froid fait sentir quelle distance il y a d’un virtuose professionnel à un profond musicien.

MM. Henri Marteau (violon), Pahnke (alto) et Rehberg (violoncelle) doivent être associés à ces éloges pour leur exécution compréhensive et l’ensemble délicatement homogène qu’ils réalisèrent. Dans son interprétation chaleureuse et fine de la sonate, M. Henri Marteau a déployé une fois de plus les qualités de sonorité et de style qui lui sont habituelles.

L. A.

Concert Rinuccini-Geloso

MM. Rinuccini et Geloso ont donné lundi 8 février la deuxième séance de leur cycle de sonates de Beethoven pour piano et violon ; ils ont supérieurement joué la cinquième, la sixième et la septième sonates.

Ces trois sonates ont déjà été jouées à Lyon et très bien. Si, depuis vingt ans, neuf sur les dix sonates ont été exécutées en public, bien éphémère a été le passage de quelques unes sur les programmes, tandis que trois ou quatre s’y sont étalées avec obstination.