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Page:Revue de Paris - 1895 - tome 5.djvu/8

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un autre monde

chambre voisine ou à l’extérieur d’une habitation, — qu’est tout cela, auprès de la perception d’un monde vivant, d’un monde d’Êtres animés se mouvant à côté et autour de l’homme, sans que l’homme en ait conscience, sans qu’il en soit averti par aucune espèce de contact immédiat ? Qu’est tout cela, auprès de la révélation qu’il existe sur cette terre une autre faune que notre faune, et une faune sans ressemblance ni de forme, ni d’organisation, ni de mœurs, ni de mode de croissance, de naissance et de mort, avec la nôtre ? Une faune qui vit à côté de la nôtre et à travers la nôtre, influence les éléments qui nous entourent et est influencée, vivifiée par ces éléments, sans que nous soupçonnions sa présence. Une faune qui — je l’ai démontré — nous ignore comme nous l’ignorons, et à l’insu de laquelle nous évoluons comme elle évolue à l’insu de nous ! Un monde vivant, aussi varié que le nôtre, aussi puissant que le nôtre — et peut-être davantage — en ses effets sur la face de la planète ! Un Règne, enfin, se mouvant sur les eaux, dans l’atmosphère, sur le sol, modifiant ces eaux, cette atmosphère et ce sol, tout autrement que nous, mais avec une énergie assurément formidable, et par là agissant indirectement sur nous et nos destinées, comme nous agissons indirectement sur lui et ses destinées !… Voilà pourtant ce que j’ai vu, ce que je vois, seul parmi les hommes et les bêtes, voilà ce que j’étudie ardemment depuis cinq ans, après avoir passé mon enfance et mon adolescence à le constater seulement.


iii


À le constater ! Du plus loin que je me souvienne, j’ai d’instinct subi la séduction de cette création étrangère à la nôtre. D’abord, je la confondis avec les autres choses vivantes ; m’apercevant que personne ne se troublait de sa présence, que tous, au contraire, y paraissaient indifférents, je n’éprouvais guère le besoin de signaler ses particularités.