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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/16

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VOYAGES.

possède l’île vient du piton du milieu, distant de près de deux lieues. On est obligé de la transporter à dos de mulet jusqu’à l’établissement.

J’ai déjà dit que le sommet de cette montagne était recouvert d’une terre végétale profonde, et constamment humide. Les Anglais y ont imaginé des cultures parfaitement entendues de la plupart des légumes d’Europe. On a commencé aussi à y planter des arbres, car il n’y en a point de naturels à cette terre. Au milieu de ces champs sont des étables pour les bœufs, et plus bas, encore dans la région des nuages cependant, une maison avec ses dépendances pour le gouverneur et les officiers. Par un transport rapide on laisse le sol brûlant et aride du rivage pour se trouver au milieu de la verdure et des fleurs dans une température agréablement fraîche. Le spectacle qu’on a au-dessous de soi est remarquable par sa rudesse et sa sauvagerie, c’est l’image de la désolation. Après l’action du feu il n’est resté que des cratères éteints, des précipices, des pitons rougeâtres ou des roches noires.

Là, comme partout où les Anglais s’établissent, ils commencent par construire des routes aussi solides que commodes, parce qu’ils savent combien cette précaution de première nécessité contribue à la prospérité d’une contrée. Les habitans de l’île de France leur rendent pleinement justice à cet égard. On a donc commencé à l’Ascension par de beaux chemins coupés dans la montagne. Il en est même un qui la contourne en partie,