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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 15.djvu/654

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LES


GAMBUSINOS.





SCÈNES DE LA VIE DES BOIS DANS L’AMÉRIQUE DU SUD.




Quand on quitte les côtes de l’Océan Pacifique pour s’avancer vers le nord du Mexique, dans la direction des vastes solitudes qui séparent cette république des États-Unis, on ne tarde pas à s’apercevoir qu’on entre dans un monde nouveau, non moins original que celui dont j’ai déjà cherché à décrire quelques aspects. Le désert a son influence Comme l’océan, et les types que cette influence développe ne le cèdent ni en énergie ni en grandeur sauvage à ceux que la mer forme à son âpre école. Les forêts épaisses, les immenses savanes, les montagnes du sommet desquelles les eaux charrient l’or jusqu’au fond des vallées, servent d’asile à une population nomade au milieu de laquelle se détachent trois groupes bien distincts. Les chasseurs, les éleveurs de bétail (vaqueros), les chercheurs d’or (gambusinos), représentent trois industries importantes au Mexique, le commerce des pelleteries, celui des cuirs et du bétail, et la production des métaux précieux.

Les gambusinos surtout méritent une place à part dans cette famille d’aventuriers. On comprend sous cette dénomination, dans l’état de Sonora, une classe de mineurs vagabonds, métallurgistes pratiques, qui semblent doués d’un instinct merveilleux pour découvrir les mines d’or, plus nombreuses en Sonora qu’en aucune autre province du Mexique. Dénués des fonds nécessaires pour entreprendre les travaux