Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/1132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L'EPOPEE


DES ANIMAUX.




II.


CYCLE RELIGIEUX ET MORAL.[1]




I. – LES ANIMAUX REELS DANS LES RECITS LEGENDAIRES.

L’épopée des animaux a, nous l’avons dit, son cycle religieux et son cycle profane. La partie religieuse du vaste poème dont nous recueillons les fragmens épars commence dans les solitudes pour s’achever dans les cathédrales. Les pères du désert adoucissent d’abord les animaux ; les moines viennent ensuite, et cherchent dans la création un reflet du monde surnaturel où les transportent leurs visions. Enfin la littérature fait servir les légendes léguées par les pères et les moines à l’enseignement moral ; les artistes chrétiens les traduisent et les fixent dans la pierre des églises. Le monument épique est alors complet. L’unité d’action ne manque pas aux légendes si variées dont nous voudrions marquer ici l’enchaînement, C’est la conversion de l’animal, observée à ses différens degrés, qu’on y retrouve partout comme sujet principal. L’animal traverse les phases mêmes qu’on peut remarquer dans l’histoire des populations soumises à l’influence du christianisme ; il subit tour à tour cette influence et se révolte contre elle. Enfin il est dompté, transfiguré par la fantaisie chrétienne, et sert à notre enseignement. De là dans cette histoire religieuse des animaux trois parties qui marqueront les divisions mêmes de notre travail.

  1. Voir la livraison du 1er décembre.