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Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/848

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dynamite que les mines doivent ainsi payer un prix très élevé, mais aussi du ciment, des briques faites à la machine. La concession du monopole du cyanure de potassium, absolument nécessaire au traitement des tailings, n’a été repoussée par le Volksraad qu’à quelques voix de majorité ; et il avait été même question d’en établir d’autres tout à fait étranges, tels que celui des confitures. Ces monopoles constituent le reproche le plus sérieux que les uitlanders puissent adresser aux Boers. Cependant, il faut ajouter qu’une pensée politique n’a pas été étrangère à leur adoption. En les concédant, comme il l’avait fait pour les chemins de fer, à des capitalistes hollandais, allemands, français, le gouvernement du Transvaal a voulu éviter que toutes les entreprises du pays fussent entre les mains des Anglais, comme elles l’étaient au début : il espérait ainsi intéresser à son maintien les pays d’origine des concessionnaires. C’est un exemple de la funeste influence que des réclamations politiques injustifiées exercent sur les dispositions des Boers vis-à-vis de la population minière en général. Si on l’avait traité avec moins d’arrogance et qu’on n’eût pas affecté de vouloir le détruire, le gouvernement eût sans doute concédé la plupart des réformes économiques demandées et sans doute aussi l’établissement d’écoles bilingues que désirent fort naturellement les étrangers.

Viennent enfin les réformes politiques, demandant le droit de vote et l’éligibilité pour les uitlanders après une courte résidence. Tandis que tous les étrangers s’accordent à demander des réformes économiques, ce sont les seuls sujets britanniques, joints à quelques Américains, qui réclament des changemens politiques. Les Boers sont à nos yeux parfaitement justifiés en les refusant. Les droits des étrangers sont actuellement ceux-ci : ils peuvent dès leur arrivée, se faire inscrire sur les registres des veld cornets ; lorsque leurs noms s’y trouvent depuis deux ans, ils peuvent réclamer la naturalisation et voter pour le second Volksraad ; deux ans plus tard, ils ont le droit d’y siéger ; douze ans après la naturalisation, ils sont électeurs et éligibles pour le premier Raad et la présidence. Nous n’hésitons pas à dire que ces lois nous paraissent très bien conçues. Les étrangers sont, après deux ans seulement de résidence, représentés dans le second Volksraad, dont le vote est nécessaire pour toutes les lois relatives aux mines et aux questions financières et économiques, excepté le budget et les douanes. Mais la plupart d’entre eux ne sont au Transvaal qu’en passant, pour s’y enrichir ; beaucoup des grands financiers de Johannesburg ont commencé leur fortune aux mines de diamant de Kimberley, d’autres en Amérique et en Australie ; presque tous courront ailleurs demain, s’ils croient