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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/331

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dans les betteraves pour prétendre, à tort, qu’on avait violé les conventions.

Toutes ces discussions auraient cessé si dès cette époque on eût intéressé les cultivateurs à fournir des betteraves riches, en les payant à un prix d’autant plus élevé qu’elles renfermaient plus de sucre. Il ne fallait pas, pour repousser cette convention, prétendre qu’on rencontrerait de sérieuses difficultés à déterminer rapidement la teneur en sucre des racines. Plusieurs chimistes agronomes : Péligot il y a soixante ans, et plus récemment M. Durin, avaient montré clairement que, parmi les substances solubles contenues dans le jus des betteraves, dans le liquide obtenu après râpage et pression, le sucre domine tellement que la densité du jus est proportionnelle à la quantité de sucre que ce jus renferme. En faisant flotter dans le jus un aréomètre à poids constant, on détermine sa densité et par suite la teneur en sucre des racines, avec une approximation suffisante à l’établissement de marchés équitables. Cette solution (qui devait s’imposer quelques années plus tard), fut malheureusement repoussée : l’accord ne fut pas conclu. La guerre continuant entre cultivateurs et fabricans, l’essor de la sucrerie française fut arrêté et l’Allemagne, en profitant très habilement, poussa sa fabrication au chiffre prodigieux où nous la voyons aujourd’hui.

En France, on en resta aux demi-mesures ; les fabricans exigèrent que les betteraves fussent semées en lignes rapprochées et maintenues serrées dans ces lignes.

On obtient ainsi, nous l’avons indiqué dans un précédent article, des racines plus petites, plus riches, que lorsqu’elles croissent écartées les unes des autres. On conçoit très bien, en effet, que si la quantité d’eau déversée par la pluie sur un champ, si la quantité d’engrais distribués sont partagées entre un grand nombre de sujets, chacun d’eux n’en obtiendra qu’une fraction plus faible que si les preneurs sont moins nombreux. On comprend dès lors que l’hectare produira un poids de betteraves égal à celui qu’il donne avec la culture espacée, mais que ce poids sera formé de racines de meilleure qualité.

Cette solution ne satisfaisait que médiocrement les producteurs, car le mode de culture qui leur était ainsi imposé entraînait un surcroît de dépenses. Les façons sont, en effet, plus difficiles à donner, et conséquemment plus onéreuses, quand les betteraves sont rapprochées que si elles poussent à de grands écartemens, et