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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/816

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embranchemens et les aiguilles, ainsi que des soldats pouvant au besoin suppléer les employés qui manqueraient à l’appel. En même temps, les manutentions militaires se préparaient à subvenir aux besoins de l’alimentation en cas d’une grève des boulangers.

C’est dans ces conditions qu’eut lieu la dernière conférence entre le Comité central de la grève et le Bureau de l’Hôtel de Ville. M. Brunet, socialiste révolutionnaire, secrétaire général, demanda au président Navarre si la décision du Conseil municipal ne portait que sur les travaux qui sont dépendans de la Ville de Paris. M. Navarre s’étonna de cette question et répondit qu’il n’avait pas le droit de disposer de l’avenir ; que la loi ne lui permettait pas de renoncer au système des adjudications, ni même d’y insérer la clause d’un tarif minimum imposé aux entrepreneurs ; que c’était l’objet d’une proposition de loi déposée par M. Vaillant à la Chambre des députés. Il ajouta qu’il n’avait pas qualité pour intervenir dans les chantiers de l’Exposition, qui relèvent du ministère du Commerce, ni dans les chantiers des compagnies de chemins de fer. Il ne pouvait qu’engager les grévistes à se rendre auprès des ministres compétens. Sur la demande des délégués, il consentit à les accompagner dans ces visites, avec le Bureau du Conseil municipal, et leur promit également l’appui du Conseil général.

Le lendemain 12 octobre, les présidens des deux conseils se présentaient chez le ministre du Commerce et s’entretenaient avec lui, en l’absence des délégués des grévistes, qu’un malentendu avait retenus. Le ministre du Commerce répondit qu’il ne pouvait songer à mettre en régie les travaux de l’Exposition qui, en fait, n’avaient pas été interrompus. MM. Navarre et Thuillier, accompagnés de plusieurs membres des bureaux des conseils, allèrent ensuite au ministère des Travaux publics, où les attendaient les délégués des grévistes en costume de travail. Le nouveau ministre, M. Godin, leur parut peu au courant de la question ; déclara n’avoir pas connaissance de la proposition Lavy ; et, après leur avoir dit qu’il était sans action sur les compagnies de chemins de fer, ne put que donner aux grévistes l’assurance de sa sympathie personnelle. Il n’y avait pas à se le dissimuler, le Comité central de la grève n’avait rien à attendre de ce côté et il n’avait plus d’autre ressource que de tenter la grève des chemins de fer pour entraîner la grève générale. Les socialistes politiques et