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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 152.djvu/285

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4° La flotte de réserve, prête à prendre la mer, et actuellement mobilisée à Devonport-Plymouth, comptant 17 unités ;

5° La réserve de la flotte, catégorie A, actuellement mobilisée, comptant 311 unités ;

6° La réserve de la flotte, catégorie B, également mobilisée, et comptant 20 unités ;

7° La réserve des arsenaux, comprenant les navires en fin de construction ou en réparation, et dont le nombre est variable.

C’est un total de 133 navires puissamment armés auxquels il faut ajouter 183 torpilleurs ou contre-torpilleurs. Il convient en outre de mentionner les navires en construction dans les usines de Yarrow, à Londres, et de Armstrong, à Newcastle. Dans cette dernière, où les ouvriers travaillent nuit et jour (comme d’ailleurs dans l’arsenal militaire de Woolwich), 17 cuirassés, croiseurs ou contre-torpilleurs sont presque prêts à être livrés.

Les Anglais calculent que, dans ces conditions, ils peuvent disposer de deux unités de combat contre une unité française et garder, en même temps, une réserve pour parer aux éventualités. Or, de deux choses l’une : ou les escadres françaises sortiront des ports, et alors les Anglais, grâce à leur supériorité numérique, comptent les détruire ; ou elles se retireront dans les ports, et elles y seront étroitement bloquées. Dans ce dernier cas, nos adversaires sont convaincus qu’ils pourront faire chez nous ce que les Américains ont fait en Espagne, où, en excitant savamment l’opinion publique, ils ont forcé le gouvernement espagnol à donner à l’amiral Cervera l’ordre de sortir de Santiago, c’est-à-dire de se faire détruire.

A cet effet, nos escadres une fois bloquées, les Anglais essayeront de bombarder nos côtes. Ces bombardemens seront renouvelés jusqu’à ce que l’opinion publique, surexcitée, détermine dans notre Parlement un mouvement d’opinion qui force le gouvernement, sous peine d’être renversé, « à agir énergiquement, » c’est-à-dire à donner l’ordre à nos escadres d’accepter le combat. Ainsi serait renouvelée la faute de Louis XIV prescrivant à Tourville d’attaquer la flotte anglo-hollandaise malgré son écrasante supériorité, ce qui fit anéantir à la Hogue les 44 vaisseaux de notre escadre par les 99 navires de nos adversaires.

Mais il est une éventualité qui ne laisse pas de préoccuper nos voisins : c’est la concentration de tous nos puissans navires de combat à Brest ou à Cherbourg, c’est-à-dire à quelques heures